Virée parisienne

Avant de vous raconter ma petite virée parisienne, je vais prendre le temps de faire un peu de logistique avec vous !

En effet, lors de la mise en place de la communication empathique, nous alternons les moments où nos vieilles habitudes sont les plus fortes (propos blessants, moralisateurs, jugements à chacune de nos observations...) et les moments où nous prenons le temps de réfléchir. Ces vieilles habitudes sont différentes pour chacun et utilisées à des degrés différents. Notre cerveau étant habitué à telle ou telle habitude de langage, une autoroute de connexions inter-neuronales s'est créée petit à petit. Il devient difficile de s'empêcher de prendre cette autoroute qui, avouons-le, est bien plus rapide et facile d'accès !

Aussi, en nous accordant des moments de réflexion avant toute intervention orale et écrite (attention aux courriels et SMS envoyés sur le coup de la colère !), nous offrons à notre cerveau la possibilité de prendre un autre chemin, celui de l'empathie !

En cas de "rechute", je n'oublie jamais que je peux changer mes habitudes de langage. Les automatismes arrivent à force de répétitions et d'expériences n'ayant pas abouti. Mon cerveau va petit à petit former la voie de cette habitude ... pour que ce chemin devienne à son tour une autoroute.

Après cette théorie, abordons maintenant mon expérience dans le métro parisien où j'ai eu l'occasion de mettre en pratique les 4 phases de la CNV :

Le 1er février (détail qui a toute son importance ...), pour un déplacement à Paris, puis en banlieue, je devais acheter un ticket de RER... sauf que c'était LE jour de renouvellement des abonnements mensuels. La queue était énorme aux "machines" et moindre aux caisses ;  je me suis dirigée vers la fille d'attente de gauche qui me semblait la moins encombrée. La première personne est repartie de cette file dépitée car cette caisse ne prenait pas les espèces. Je me décalais aussitôt sur la file de droite puisque mon paiement était en espèces aussi. Cette dame se retrouvait donc derrière moi. Elle était quelque peu nerveuse du fait de se retrouver au bout d'une file d'attente alors qu'elle croyait avoir atteint son objectif !

Elle bougeait beaucoup et se trouvait ainsi dans mon cercle intime. Je pouvais l'accepter vue les circonstances, sauf que son sac me frottait en continu le bas du dos : un coup à gauche, un coup à droite... L'inconfort de cette situation commencait sérieusement à me peser. J'étais prête à lui proposer de passer devant moi, puis je pensais que cela pouvait aussi être l'occasion d'exprimer mon sentiment (ce qui était tout sauf une habitude pour moi !!) en testant un petit dialogue de CNV. Je me répétais d'abord quelques phrases dans ma tête. Une fois au point, je me lançais :

- C'est énervant de se retrouver à faire la queue alors qu'on pense avoir son ticket dans l'instant qui suit. C'est vrai qu'ils n'ont pas mis d'indications sur le fait qu'ils prenaient uniquement la carte bleue (je vis à son visage que mon interlocutrice se sentit comprise).

- Oui, et nous avons un rendez-vous dans moins de 30 minutes, je sens que nous allons être en retard. Ils pourraient au moins mettre une affiche.

- C'est certain. Peut-être qu'ils n'ont plus de feuilles dans la cabine et qu'ils n'ont pas le temps d'aller en chercher. De mon côté, j'ai besoin d'un peu plus d'espace. Je me sens gênée par votre sac à main qui me frotte le bas du dos. Pourriez-vous le changer de main ou juste patienter un peu plus en retrait ?

- Oh excusez-moi ! Je suis vraiment désolée !

- Ce n'est évident pas avec ce monde et je vous remercie.

J'étais si contente ! J'avais réussi à exprimer mon besoin d'espace, mon sentiment de gêne et tout ça, dans la bonne humeur. Peut-être qu'un puriste trouvera quelques maladresses dans ce dialogue, mais c'était mon premier petit pas ! C'était une victoire car lorsque je prends le métro, j'ai tendance à adopter le masque parisien (grincheux et absent). C'est tellement plus agréable avec le sourire !

 

 

 

 

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